La dysplasie de la hanche chez le chien ou dysplasie coco-fémoral
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Définition de la maladie
et
importance du dépistage radiographique
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Définition
La dysplasie de la hanche, ou dysplasie coxo-fémorale, est définie comme un trouble du développement de la hanche engendrant une instabilité de cette articulation (Figure 1). Radiologiquement, elle se caractérise par un défaut de contact (une incongruence) entre les surfaces articulaires.
Avec le temps, l’instabilité et l’incongruence se compliquent naturellement par une dégénérescence articulaire qui déforme les surfaces articulaires.
Figure 1 : Vue de face du bassin et de l’articulation coxo-fémorale
C’est une des affections orthopédiques les plus courantes chez le chien. Elle peut toucher toutes les races, mais avec une incidence variable. La maladie est plus fréquente chez des races comme le Berger Allemand, le Labrador, el Bouvier Bernois ou le Golden.
Seul un élevage sélectif a permis une réduction significative de cette maladie au sein de la population canine ces cinquante dernières années.
Caractéristiques génétiques et transmission de la maladie
La dysplasie de la hanche est une maladie héréditaire. Sa transmission est de type « polygénique », ce qui veut dire que la maladie n’est pas gouvernée par un seul gène, mais par des centaines, ainsi que par des facteurs environnementaux. De plus, le nombre de gènes présents chez un individu gouverne la sévérité de la maladie chez ce dernier (on dit que la dysplasie a une caractère génétique « additif »).
Cette caractéristique rend son étude difficile et explique l’inexistence de tests génétiques à ce jour.
L’expression des gènes de la dysplasie peut être modifiée par un certain nombre de facteurs environnementaux. Ces facteurs ne causent pas la dysplasie, mais peuvent contribuer à sa sévérité. Ainsi, deux animaux présentant les même gènes de la dysplasie peuvent exprimer la maladie ce façon très différente, du fait des facteurs environnementaux spécifiques qu’ils subiront durant leur croissance.
La dysplasie de la hanche atteint préférentiellement les animaux de grande taille, trop lourds, recevant une alimentation trop riche et à croissance rapide. Une hanche surchargée à tendance à se déformer.
Une insuffisance de développement de la musculature fessière par manque d’activité est aussi un facteur favorisant l’apparition d’une dysplasie. Mais attention, une activité physique excessive et trop violente au jeune âge favorise aussi l’apparition de la maladie (sauts sur le canapé, montées et descents des marches, etc…)
La morphologie de l’animal joue aussi un rôle. Les chiens de petite taille sont beaucoup moins affectés que les chiens de grande taille. Le faible poids des petites races diminue l’intensité des contraintes s’appliquant sur l’articulation des hanches.
Ainsi, la totalité des chiots produits suite au croisement de deux parents sains ne sont pas indemnes de dysplasie. Et leur nombre croit avec le nombre de géniteurs atteints (Tableau 1).
C’est pourquoi il est très important d’effectuer des dépistages systématiques sur tous les reproducteurs. Les recommandations en matière d’élevage suggèrent de ne reproduire que les chiens exempts de dysplasie, dont les parents et les grands parents étaient eux aussi exempts.
Tableau 1 : Hérédité de la dysplasie de la hanche en fonction du caractère « sain » ou « atteint » des reproducteurs.
Signes cliniques
Le chiot nait avec une hanche saine. La dysplasie se met en place progressivement durant la croissance et résulte d’une discordance entre la vitesse de maturation squelettique et le maintien d’une contention correcte de la tête du fémur.
La dysplasie de la hanche est une affection très polymorphe : son expression clinique peut être très variable.
De plus, il n’existe aucune concordance entre l’importance des signes cliniques et le degré radiographique de dysplasie.
Avant l’âge de 6 mois, les principaux signes d’appels sont :
Une démarche dite « chaloupée », qui se traduit par un dandinement du train postérieur
Un arrière pas limité
En position assise, l’animal est dysmétrique et se laisse tomber sur la croupe
L’animal est souvent couché dans la journée
Course en lapin (tendance à mobiliser les deux postérieurs en même temps)
Compte tenu du jeune âge de l’animal, les lésions arthrosiques ne sont pas encore apparues : l’apparition d’une boiterie ou d’une douleur à la manipulation des hanches sont rares.
C’est en général vers 6-8 mois que les signes plus graves apparaissent :
Une boiterie du train arrière associée à une douleur
Des difficultés à sauter, à monter les escaliers
L’animal manisfeste de la douleur à la manipulation des hanches
Signes radiographiques
Un diagnostic radiographique de dysplasie ne se fait pas avant l’âge de 12 semaines. A un an, 80% des animaux dysplasiques sont diagnosticables, 95% à deux ans. Autrement dit, un chien de trois ans indemne de dysplasie a peu de chance d’en avoir une plus tard.
Le dépistage officiel de la dysplasie de la hanche est toujours radiographique. Il repose, dans tous les pays, sur un cliché effectué en position standard, dit « type dysplasie ».
Des dépistages systématiques vers l’âge d’un an sont organisés pour sélectionner les animaux reproducteurs.
En France, l’âge officiel minimum du dépistage est de 12 à 18 mois.
La radiographie est soumise à l’analyse d’un lecteur officiel désigné par le club de race. Celui-ci se prononce en fonction d’un certain nombre de critères radiographiques.
Conditions de prise du cliché radiographique
L’identification du cliché radiographique doit être visible et indélibile. Il comporte le nom du chien, son numéro d’identification, sa race, sa date de naissance, le nom du vétérinaire ainsi que l’adresse de son lieu d’exercice, la date de prise du cliché et sa latéralisation (différenciation entre la gauche et la droite).
Un cliché de bonne qualité exige une anesthésie générale. Une radiographie « type dysplasie » doit présenter (Figure 2) :
Les membres postérieurs en extension
Des fémurs parallèles
Un bassin parfaitement de face
Les rotules doivent se trouver centrées dans l’articulation du genou (position dite « au zénith »)
Figure 2 : Positionnement de l’animal sur la table de radiographie et exemple de cliché radiographique « type dysplasie »
Lecture du cliché radiographique
Il existe de multiples signes radiographiques dont le lecteur doit prendre compte pour juger de la présence d’une dysplasie et la classer selon sa gravité.
La cavité acétabulaire doit être bien creusée. Le bord crânial doit s’incurver autour de la tête fémorale.
La tête fémorale doit avoir un contour arrondi et être plus large que le col
L’espace articulaire doit être fin et régulier.
La tête fémorale doit être bien enfoncée dans l’acétabulum, pour vérifier cela, on mesure l’angle de Norberg-olson qui doit être supérieur à 105°. Plus cet angle est fermé, plus la tête fémoral sort de l’articulation et plus la congruence est mauvaise (Figure 3).
Dans les cas de dysplasie avancée, des signes d’arthrose peuvent être presents (Figure 4).
Figure 3 : critères d’évaluation radiographique de l’articulation coxo-fémorale
Figure 4 : arthrose de l’articulation coxo-fémorale
Classification des stades de dysplasie
Le lecteur classe, en fonctions de ces différents critères radiographiques, l’animal dans l’une des cinq classes suivantes, définies par la Fédération Canine internationale (FCI) (Tableau 2 ; Figure 5).
Tableau 2 : Classification des 5 stades de dysplasie coxo-fémorale
Figure 5 : cliché radiographique d’une dysplasie de type A (à gauche) et d’une dysplasie de type E (à droite)
Traitement
La perte de poids, la nage et la restriction d’exercices violents et délétères pour les hanches sont les premiers gestes pour éviter une aggravation de la maladie.
En cas de boiterie et/ou de douleur, un traitement médical à base d’anti-inflammatoires, de chondroprotecteurs et/ou de rinçages articulaires peuvent être proposés par votre vétérinaire traitant.
En fonction de l’âge de l’animal, de la gravité de la dysplasie et des moyens financiers du propriétaire, différents traitement chirurgicaux peuvent être proposés.
Législation
La loi du 22 juin 1989 a rajouté la dysplasie de la hanche à la liste des vices rédhibitoires pour l’espèce canine. Une action en vice rédhibitoire au Tribunal de Grande instance peut donc être engagée dans un délai de 30 jours. Ce délai extrêmement court imposé par le décret d’application est totalement inadapté au type de développement de l’affection étant donné que la maladie ne se déclare pas avant 12 semaines et jusqu’à l’âge de deux ans.
L’action en nullité de vente, basée sur l’article 1110 du code civil, plaide l’erreur sur la qualité substantielle de la chose vendue. Le délai pour intenter une action est alors de 5 ans. Un expert nommé se prononcera sur l’existence de la maladie, mais également sur l’atteinte éventuelle de la locomotion et les conséquences quant à la reproduction.
La possibilité de plaider en vice caché auprès du Tribunal d’Instance du domicile du vendeur est également possible.
Compte tenu des frais entrainés par toute action en justice, il semble raisonnable d’aboutir à un accord à l’amiable avec l’éleveur. Des dommages et intérêts peuvent êtres accordés lors de dol manisfeste, mais le plus souvent le vendeur n’est tenu qu’au remboursement de la valeur d’achat de l’animal qui doit lui être rendu.
Conclusion
La dysplasie coxo-fémorale est une des affections orthopédiques les plus fréquentes de l’espèce canine. Elle touche préférentiellement les races de grand format, mais tout chien peut être atteint par la maladie.
Cette affection doit être prise au sérieux car elle compromet gravement les fonctions locomotrices et la qualité de vie des chiens, et ce, dès le jeune âge.
Compte tenu de sa complexité génétique, seuls les dépistages radiographiques et la sélection des reproducteurs ont permis de faire reculer la prévalence de la maladie ces dernières décennies. Il est donc primordial de faire dépister son chien en vue d’une éventuelle reproduction pour éviter la propagation de la maladie au sein de la population.